Le 28 juin 1914, un terroriste serbe Gravilo Princip tue l'archiduc François-Ferdinand, héritier de la couronne austro-hongroise, et sa femme. Le 1 août, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie, alliée de la France, et la France se mobilise. Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France. En application du plan Schlieffen, l'Allemagne porte son effort principal sur la Belgique et la France du Nord, prenant les Français à revers.
Le général en chef français Joffre organise une retraite générale en bon ordre. Les Allemands ravis de leur succès, contournent Paris en obliquant vers la Marne. Toutefois, par un gros effort, les Français stoppent net l'avancée allemande par la contre-offensive de la Marne, du 6 au 11 septembre 1914. Les troupes allemandes et françaises tentent de se déborder l'une l'autre par l'ouest. C'est la « course à la mer ». Mais personne n'arrive à percer le front. Les troupes allemandes creusent des tranchées et s'y terrent pour éviter de reculer davantage. Les troupes françaises font de même.
Le front franco-allemand se stabilise dans la boue, de la mer du nord aux Vosges, sur 750 km. Durant ces quatre années de guerre, la France va connaître de terribles batailles comme Verdun, la Somme, le Chemin des Dames, l'Artois, et la Picardie.
Durant ce conflit, la France aura mobilisé environ 8 410 000 hommes dont 7 935 000 Français et 475 000 coloniaux parmi eux, 1 329 640 sont morts à la suite des combats auxquels il faut rajouter environ trois millions de blessés (dont 700 000 mutilés).
Dans le cadre du traité de Versailles, il s'est tenu une réunion du Conseil Supérieur de Guerre dans le bureau de M. PICHON, au quai d'Orsay le vendredi 24 janvier 1919 à 10h30. Durant cette réunion le Maréchal FOCH donne lecture de la proposition suivante : « J'ai l'honneur de proposer au Conseil Suprême des Alliés, que les combattants de la grande guerre appartenant aux différentes nations reçoivent une médaille commémorative. Ce glorieux insigne, porté par eux dans toutes les parties du monde, entretiendrait et conserverait ces sentiments d'étroite camaraderie qui après avoir fait sur le champ de bataille, la force de nos Armées, assurerait dans la paix, la grandeur des nations alliées, par l'union dans le souvenir. » Le Président WILSON approuve l'idée et demande si chaque gouvernement frapperait une médaille de même genre. Ce à quoi répond le Maréchal FOCH : « Chaque gouvernement accepterait de distribuer à ces troupes la même médaille et le même ruban». À cet effet, le Conseil Supérieur de Guerre décide de recommander à l'approbation des gouvernements intéressés, qu'il soit distribué une médaille et un ruban identique à toutes les troupes des puissances alliées et associées qui ont combattu dans cette guerre. La médaille de la victoire dites interalliée venait de voir le jour, sauf que l'idée ne vient pas du Maréchal FOCH !
Le 5 mars 1918, le député du Finistère Maurice BOUILLOUX-LAFFONT demande à la chambre des députés de prendre en considération une proposition de loi tendant à créer une médaille commémorative internationale de la guerre. Il indiquait que pour la réalisation de la médaille les pays devraient faire appel aux plus grands artistes des nations alliées, afin qu'ils symbolisent , dans un cadre simple l'effort commun des pays de l'Entente. À propos du ruban, il précisait, puisqu'il s'agissait d'une récompense internationale, il serait indispensable de bien marquer ce caractère. Pour concrétiser ce caractère, il avait pensé à un ensemble harmonieux des couleurs juxtaposées des drapeaux alliés. Il indiqua aussi dans son rapport que pour des raisons économiques, on pourrait à titre provisoire se contenter d'un simple ruban analogue à celui des blessés. La proposition de loi du député BOUILLOUX-LAFFONT fut renvoyée à la commission de l'Armée pour étude. Les derniers mois de guerre ne permirent pas à la commission de se prononcer sur le projet. Cependant, le 17 décembre 1918, le député André LEBEY exposera de nouveau le projet devant la chambre des députés.
Le 17 juin 1919, le projet de loi fut déposé au bureau de la chambre des députés, il ne fut pas adopté à cause des vacances parlementaires.
Le 2 novembre 1919, suite à un accord entre les gouvernements alliés et associés sur le principe de la création d'une médaille commémorative commune, qui serait la marque tangible de la participation fraternelle à la grande guerre des combattants des différentes nations, un décret fut promulgué autorisant les bénéficiaires de cette future médaille à en porter le ruban, en attendant sa création et la distribution des insignes et des brevets.
Le 20 juillet 1922, la loi instituant une médaille commémorative interalliée de la guerre dite « médaille de la victoire » est promulguée. La médaille est accordée, sous réserve de trois mois de présence, consécutifs ou non, entre le 2 août 1914 et le 11 novembre 1918:
- À tous les militaires ayant appartenu à une des unités énumérées dans l'instruction ministérielle du 7 octobre 1922 et ayant servi dans la zone des armées des théâtres du Nord et du Nord-Est ou dans une zone d'opérations des théâtres extérieurs.
- À tous les marins ayant servi dans une des unités énumérées dans l'instruction ministérielle du 11 décembre 1922.
- Aux infirmiers et infirmières civils ayant fait partie, dans les mêmes conditions, des formations qui sont énumérées dans les instructions visées ci-dessus et seulement pour les périodes durant lesquelles ces formations ont pu s'acquérir des titres à la médaille.
- S'ils n'ont pas acquis de droits à la médaille dans leur formation d'origine, aux étrangers (militaires et civils) ayant servi directement sous les ordres du commandement français, dans les unités et formations énumérées dans les instructions ministérielles, dans les mêmes conditions qu'aux militaires français et sous réserve de l'approbation des gouvernements étrangers intéressés.
- La médaille est également accordée aux maréchaux et officiers généraux ayant commandé, pendant trois mois au moins, une unité même supérieure au corps d'armée.
- Le droit à la médaille, sans condition de délai, les jeunes gens de la classe 1919 et ceux marchant avec cette classe qui ont été envoyés en renfort, avant l'armistice, dans les formations énumérées dans les instructions ministérielles précitées.
- Le temps passé dans les lignes ennemies par le personnel militaire du service de santé, tombé aux mains de l'ennemi en assurant ses fonctions auprès des blessés, compte dans le délai de trois mois exigé pour les ayant droit.
- La médaille est également accordée, sous réserve de dix-huit mois de présence consécutifs ou non, entre le 2 août 1914 et le 11 novembre 1918, dans la zone des armées des théâtres du Nord et du Nord-Est ou dans la zone d'opérations des théâtres extérieurs :
- À tous les militaires et marins.
- Aux infirmiers et infirmières civils ayant servi dans les mêmes conditions.
- S'ils n'ont pas acquis des droits à la médaille dans leur pays d'origine, aux étrangers (militaires ou civils) ayant servi directement sous les ordres du commandement français et sous réserve de l'approbation des gouvernements étrangers intéressés.
- Aucun délai de séjour n'est exigé des militaires ayant reçu la croix de guerre ou ayant été évacués pour blessures de guerre ni pour ceux ayant fait partie des unités énumérées dans les instructions visées à l'article L. 357 qui ont été évacués pour maladies ou blessures contractées en service, ni pour les engagés volontaires en vertu de la loi du 17 août 1915 ayant servi dans la zone des armées et ayant été réformés pour blessures ou maladie contractée dans le service.
- Les prisonniers de guerre ont droit à la médaille de la victoire sans condition de durée de présence dans une unité combattante, sauf opposition motivée de l'autorité militaire.
- La médaille de la victoire est accordée aux Alsaciens et Lorrains engagés volontaires qui ont appartenu pendant une durée quelconque à une unité combattante et à ceux qui justifient avoir déserté les rangs allemands même s'ils n'ont pas été, après leur engagement, affectés à une unité combattante.
- Le droit à la médaille est également acquis à titre posthume aux militaires qui ont été tués à l'ennemi ou qui sont morts des suites de blessures de guerre et à ceux qui, ayant appartenu aux unités énumérées à l'instruction du 7 octobre 1922, sont morts de maladies ou blessures contractées en service.
Le 9 novembre 1922, le journal officiel publie l'avis de concours pour l'exécution de la médaille commémorative interalliée de la guerre dite « médaille de la victoire ». Il était indiqué que les projets présentés devaient être déposés au commissariat des expositions des beaux-arts, Grand-Palais, avenue d'Antin, porte C, entre le 1 et 15 février 1923, dernier délai. Le concours est rigoureusement anonyme. Les projets et photographies devaient porter une devise qui serait reproduite sur une enveloppe cachetée, contenant les noms, prénoms et adresse de l'artiste. Chaque concurrent, sous peine de disqualification, ne devait présenter qu'un seul projet.
Le 17 mars 1923, le résultat du concours pour l'exécution de la médaille commémorative interalliée de la guerre dite « médaille de la victoire » est proclamé. Le vainqueur est Pierre Alexandre MORLON suivi de Charles PILLET et de Claude Léon MASCAUX.
Juillet 1923, la médaille interalliée est en cours de production pour une vente débutant en août 1923.
Cette médaille est l’œuvre du sculpteur « Pierre Alexandre MORLON ». Pour l'avers, on trouve une victoire ailée tenant dans sa main droite un rameau d'olivier et dans sa main gauche une couronne de laurier. Sur le revers, on trouve l'inscription « R.F » (République Française) encadrant un bonnet phrygien surmontant l'inscription « La grande guerre pour la civilisation 1914-1918 ». Cette médaille a été fabriquée principalement par la monnaie de Paris.
Le ruban est conforme aux prescriptions, la largeur du ruban est de 36 mm.
Il existe une multitude de diplômes sauf que le modèle conforme à la loi du 20 juillet 1922 est rare.
Le nombre d'attributions est d'environ 6 170 000 exemplaires et non 2 000 000 comme le suggère Alexander LASLO.
INVENTAIRE DES DIFFÉRENTS MODÈLES